Dick Higgins

1938 - 1998

Né à Cambridge (GB), décédé en Quebec (CA).

Richard Carter Higgins : l’art intégratif

L’influent artiste et théoricien britannique Richard Carter Higgins est devenu célèbre en tant que poète, compositeur, artiste, éditeur et théoricien de l’art critique. Il plaide en faveur d’une nouvelle expression expérimentale qui dépasse les frontières classiques et le clivage traditionnel des médias. Il a également inventé le terme « intermédia », qui est ensuite devenu « multimédia », pour annoncer la fusion des arts. En tant que cofondateur de Fluxus (nom latin qui veut dire changement liquide et permanent), son objectif est de réunir la poésie, le théâtre, la musique et l’art plastique pour créer un nouveau mouvement. Au cours de la même période, il est également éditeur chez Something Else Press, Unpublished Editions et Printed Editions. Ses activités ne s’arrêtent pas là, car il rédige aussi des scénarios et des partitions pour les « happenings » tout en continuant sa création de peintures, de sculptures, de vidéos et de graphiques.

Entre 1959 et 1961, Higgins et d’autres étudiants de John Cage commencent à organiser des happenings multimédias à New York. Higgins décide rapidement de fonder Something Else Press pour pouvoir éditer son œuvre Jefferson’s Birthday/Postface en 1964. Deux ans plus tard, la Something Else Gallery expose la première poésie concrète des États-Unis pendant que Higgins termine son mémoire de master sur la puissance de la poésie visuelle et l’essence de la « poésie de modèle ».

En tant qu’artiste et théoricien, Higgins met en avant l’art avec une approche expérimentale et surtout intégrative. Il souhaite lancer un programme de recherche élargi avec des idées et des questions qu’il estime prêtes pour être examinées à ce moment. Ces cas et exemples constituent en réalité, plus que son travail plastique, le cœur de son œuvre. Pour comprendre la nature radicale de son art, il est possible de comparer l’ensemble de son programme studio avec la recherche scientifique de la pure essence et de la structure de base des arts. Higgins explique qu’il ne pourrait jamais se sentir comblé en tant qu’artiste s’il ne parvient pas à exercer tous les arts en même temps. Il veut toujours associer le visuel, le musical et le littéraire, ce qui se trouve au cœur du mouvement Fluxus. Le terme « intermédia » tire son origine de la nécessité d’englober les œuvres qui ne correspondent conceptuellement pas aux critères dans l’ensemble général.

Bien qu’il soit intéressé par le fonctionnement du hasard, il ne croit pas aux coïncidences. Au contraire, un de ses manifestes les plus connus contient la phrase suivante : « Si tu ne l’as pas fait deux fois, tu ne l’as pas fait. » Higgins consacre beaucoup d’efforts à l’apprentissage des différentes compétences artistiques qui sont nécessaires pour réaliser ses cas et expériences. Il publie au total septante-quatre livres, dont une traduction de On the Composition of Signs and Images [Sur la composition des signes et des images] de Giordano Bruno, qui peut être considéré comme une dissertation précoce sur les multimédias.

À l’instar des humanistes qui ont donné de la voix à l’agitation intellectuelle et spirituelle entre le Moyen Âge et les Temps modernes, Higgins est parvenu au milieu du siècle dernier à contribuer à l’ouverture de la porte vers une nouvelle approche de l’art, tout comme Marcel Duchamp l’a fait avant lui à l’échelle conceptuelle et Andy Warhol au niveau processuel. Fluxus, dadaïsme, ready-mades, performances et reproductions sont ainsi devenus des incontournables de l’époque. Par le biais de son approche abstraite, Higgins a essayé d’immortaliser la profonde fermentation artistique et intellectuelle d’une époque avec des mots, des images et des sons.

HW

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